Résumé : |
L'homme moderne perd sa vie à la gagner. Que fait-il, en effet ? Travailler pour subvenir à ses besoins ? Oeuvrer pour construire un monde d'objets dont les plus éminents sont les oeuvres d'art ? Agir au sens politique du terme pour instituer un monde commun régi par des valeurs communes ? Sans conteste, de ces trois modalités de la vie active (par opposition à la vie contemplative des Anciens), la dernière est désormais sacrifiée. Notre époque est ainsi marquée par le dépérissement du politique et le triomphe de l'économie. La condition de l'homme moderne est celle d'un homo laborans qui ne se reconnaît plus dans ce qu'il fait, et non celle de cet animal politique, comme le définissait Aristote, qui se construisait en construisant la cité. La glorification de la vie active.La modernité se caractérise essentiellement par un renversement, qui consiste à faire de la vie active, et non plus de la vie contemplative, ce qui constitue l'humanité de l'homme. Cette inversion est aussi ce qui fonde l'aliénation de l'homme moderne, qui finit par ne plus comprendre ce qu'il fait.Travail, oeuvre, action : trois modalités fondamentales de la vie active.La vie active désigne trois manières pour l'homme d'être lié au temps : l'homme travaille pour survivre, il produit des oeuvres pour conférer une permanence à son existence, ses actions sont la condition même de l'Histoire. En sur-valorisant le travail, la modernité condamne l'homme au caractère éphémère de la vie.L'action comme condition du politique.Sans l'action et le langage qui les sauvent de l'oubli, le travail et les oeuvres des hommes n'auraient aucun sens. En valorisant la production d'objets matériels au détriment de l'action des hommes dans le monde, la modernité aboutit nécessairement à une dégradation du politique : les hommes n'ont plus de monde en commun |