Résumé : |
« J’appartiens plutôt au groupe des doubles nuisibles, nous sommes les plus agités des doubles, les plus redoutables, les moins répandus aussi, et comme tu peux le deviner la transmission d’un tel double est plus compliquée, plus restreinte, elle s’opère au cours de la dixième année du gamin, encore faut-il parvenir à lui faire avaler le breuvage initiatique appelé mayamvumbi, l’initié le boira régulièrement afin de ressentir l’état d’ivresse qui permet de se dédoubler, de libérer son autre lui-même, un clone boulimique sans cesse en train de courir, de cavaler, d’enjamber les rivières, de se terrer dans le feuillage quand il ne ronfle pas dans la case de l’initié (…) » Chaque être humain a son double animal. Mais si les parents des enfants à qui l’on transmet un double pacifique sont au courant de l’initiation et l’encouragent, il n’en est pas de même lorsqu’il y a transmission d’un double nuisible : elle s’opère contre le gré de l’enfant et se déroule à l’insu de la mère, des frères et des sœurs. Il faut dire que ces êtres qui jonglent avec la nuit ne se laissent plus habiter par les sentiments comme la pitié, la commisération, le remords ou la miséricorde. Le double animal, lui, doit quitter ses semblables afin de vivre non loin de l’initié et remplir les missions qui lui seront assignées. Alter ego du sanguinaire Kibandi, un porc-épic raconte à la mort de son maître les meurtres qu’il a été amené à accomplir. |